Emploi des Seniors : Enjeux et Perspectives

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Créer des chemins de rencontres, favoriser les échanges qui font avancer, encourager le débat et la confrontation d’idées… C’est l’ADN de CEPI Management depuis sept décennies. Un moteur pour former et accompagner les dirigeants avec acuité, au plus près de leurs enjeux et ambitions.

C’est dans cette perspective que CEPI Management, accompagné de Boost Us, tient chaque trimestre un sharing lunch au cœur de son campus. Un moment d’échanges, de convivialité et de partage entre dirigeants issus de secteurs pluriels et d’horizons multiples. Pour notre rendez-vous de l’été, Etienne Dequirez, Christian Garin, Christophe Poujade, Fatiha Legzouli, Damien Vandorpe, Pascal Dumont, Laura Marzouk, Laurent Depoorter et Thierry Payen ont analysé ensemble une thématique ô combien d’actualité : l’emploi des seniors.

Dans une ambiance animée, chaleureuse et passionnée, les dirigeants se sont livrés avec autant de liberté que de clairvoyance.

Le combat : le retour à l’emploi

Vision commune. Les dirigeants attablés pour l’occasion s’accordent sans mal sur le fait que le sujet de l’emploi des seniors se concentre bien davantage sur le retour que sur le maintien de l’emploi lui-même. Ce dernier est tout à fait convenable et les salariés de plus de 50 ans actuellement en poste ne posent que peu de problématiques d’ampleur. « La question du maintien des seniors déjà en emploi n’est pas un sujet. Je suis personnellement très content d’avoir des seniors dans mon entreprise et ils le sont également. Je ne connais pas de seniors qui se sentent rejetés ou que l’on souhaite mettre à la porte. Le grand débat, c’est le retour à l’emploi des seniors au chômage. La grande question, c’est la réintégration de ces personnes », résume Etienne Dequirez, directeur général de Sergic.

Une problématique d’autant plus prégnante que la démographie française est telle que le vieillissement de la population s’intensifiera ces prochaines années et que le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans est désormais acté. « L’embauche des seniors ? C’est possible ! J’ai un taux de 100% de réussite chez les plus de 50 ans que j’ai recrutés. Et c’est loin d’être le cas avec certains profils plus jeunes ! », illustre de son côté avec malice Damien Vandorpe, directeur général de Pôle Santé Travail métropole Nord, particulièrement séduit par ses salariés les plus expérimentés…et qui ne manque pas de tancer aimablement certains profils plus jeunes qui brillent davantage par leur versatilité.  « Le modèle de SCOP me permet de maintenir les seniors encore plus longtemps. La seule question que je me pose est : par qui je vais remplacer mes collaborateurs qui partiront en retraite ?, interroge de son côté Christian Garin, PDG de l’imprimerie L’Artésienne. Les métiers qui nécessitent un savoir-faire, une expérience, avec un minimum de pénibilité sont clairement boudés par les jeunes. C’est très compliqué de trouver. Je prends les gens qui veulent travailler, quitte à faire de la réinsertion ».

Au fil des prises de parole et des conversations, un maître-mot revient avec force. Ce mot ? C’est la confiance. « La nécessité d’une confiance réciproque entre l’employeur et l’employé est capitale, pointe en effet Christophe Poujade, responsable Hauts-de-France de l’association Les Rebondisseurs Français. Dans le cadre de l’une de mes dernières missions de dirigeant, je me suis engagé moralement à ne pas partir à 62 ans. J’ai tenu parole. Le contrat que l’on signe est une chose, les engagements que l’on prend en sont une autre et sont essentiels ». Particulièrement impliquée dans la cause des femmes et éveillée sur le sujet, Fatiha Legzouli tient, elle, à alerter sur la spécificité féminine sur le sujet : «La perte de confiance et le syndrome de l’imposteur sont encore plus marquée chez les femmes. Il est très difficile pour les femmes de plus de 55 ans éloignées de l’emploi de retrouver une activité. La seule option, c’est parfois la création d’entreprise. Mentorat, engagement associatif, accompagnement, formation, coaching… Les tremplins pour un retour à l’emploi existent : relever la tête, c’est possible, mais c’est parfois un véritable parcours du combattant ! », résume-t-elle avec conviction.

Réinventer nos modèles d’analyse et nos manières de faire constituent une piste de réflexion légitime. Les processus d’embauche sont ainsi en réflexion et ne manquent pas de passer au grill. « Savoir recruter autrement, organiser de nouvelles rencontres, trouver de nouveaux lieux d’échanges, porter un autre regard sur les seniors… Le monde évolue rapidement, il nous faut regarder les processus de recrutement autrement, en offrant davantage d’ouverture et de flexibilité », préconise Pascal Dumont, directeur de la Stratégie Pôle Emploi Hauts-de-France. Dans cette perspective, de nouveaux mécanismes et procédés sont à construire et entretenir. Un enjeu d’autant plus manifeste que les aides existent, même si d’aucuns s’accordent à dire que leur lisibilité s’avère parfois pénible à décrypter. « Nous proposons de notre côté une aide significative pour les seniors, avec un coup de pouce de 3 000€ pour l’embauche d’une personne de plus de 50 ans. Il n’y a pas de problématique insurmontable, je suis résolument optimiste ! », relève Laura Marzouk, directrice générale adjointe du pôle « Entreprises et Emploi » au sein de la Région Hauts-de-France. Loin de céder aux sirènes alarmistes, nos dirigeants envisagent l’avenir avec détermination.

Faire évoluer notre regard


Parfois présentés comme une charge coûteuse, réfractaires au changement, rétifs aux évolutions technologiques, voire dépassés par notre époque aux bouleversements multiples, les dirigeants présents à notre déjeuner dépassent aisément ces clichés accolés aux seniors et estiment de concert que les salariés expérimentés constituent une ressource particulièrement estimable. « Il est impératif de travailler sur les freins côté employeur, pour éliminer l’ensemble des préjugés qui collent souvent à la peau des seniors. Les seniors sont une opportunité pour nos entreprises ! », affirme avec conviction Laurent Depoorter, CEO d’OXEMIS et président de la CPME Nord.

« Sans doute faudrait-il revoir certains mécanismes. Je rappelle que c’est le dernier employeur qui paye les IFC, indemnités de fin de carrière. Ce n’est pas vraiment une invitation au recrutement et c’est dommage, regrette Thierry Payen, directeur MMA et président du Medef Flandre-Audomarois.
Faire évoluer notre perception des salariés les plus âgés est également capital. Notre regard est souvent biaisé car on estime qu’un senior va coûter cher et pas nous rapporter. C’est un raccourci très peu pertinent. Les compétences, ça coûte. Et les compétences, ce sont les seniors qui les détiennent ! », rappelle-t-il avec enthousiasme. Sur la même longueur d’onde, Pascal Dumont confirme et rebondit : « Les seniors sont un atout majeur pour l’entreprise. Je ne parlerais d’ailleurs pas de seniors, chaque parcours de vie étant différent. J’aspire à ce que nous nous focalisions uniquement sur les situations individuelles, aucune carrière ne ressemblant à une autre ».

Combattre les a priori, contrer ses biais cognitifs et ouvrir nos champs de vision : telle pourrait être la juste posture à conjuguer pour permettre à un maximum de seniors de retrouver un poste, alors que le taux d’emploi des 60-64 ans dans notre pays n’atteint pas 40%.

Construire un nouveau contrat social ?


Les évolutions morales, les bouleversements sociétaux et les ruptures technologiques que nous connaissons amènent chacun des convives à se questionner sur le sens du travail à donner au cœur de notre conjoncture et sur les potentialités du monde de l’entreprise demain. « Pour les collaborateurs, il y a un véritable parcours client à inventer, retraite comprise, pour les accompagner aux différentes étapes de leur carrière, avec le sens du travail comme moteur. Il nous faut être moins dans la culture de l’immédiateté et du zapping », conseille Christophe Poujade. Un constat partagé par Laurent Depoorter : « Travailler sur la marque employeur, pour toutes les générations de collaborateurs est une impérieuse nécessité. Une entreprise qui ne le fait pas aujourd’hui disparaîtra demain. Notre époque présente autant de risques que d’opportunités. D’où la nécessité d’être acteur et de ne pas subir les chantiers devant nous en termes d’emploi et de recrutement. L’enjeu est immense ! », prévient-il.

Un sujet d’autant plus éminent que le recrutement n’est efficient que s’il devient pérenne et naturel au sein d’un collectif qu’il convient d’animer et faire perdurer. « La question n’est pas tant de savoir comment on recrute les seniors mais comment on les intègre au sein de nos entreprises. Comment le senior s’adapte ? Comment nous l’accompagnons pour que l’aventure fonctionne ? Peut-être aurons-nous besoin de revoir nos formes traditionnelles de pensées : temps partiels, réinvention de l’attractivité des carrières, création de responsabilités tournantes… Aujourd’hui, un salarié qui est directeur ou responsable avec de l’ancienneté ne vise pas à perdre son titre ou son statut hiérarchique. Or, il y a des jeunes qui poussent derrière, à juste titre, et si on ne les fait pas évoluer, ils partent ! », décrypte Etienne Dequirez.

Le défi contemporain des entreprises en matière de cohésion et de fédération des équipes réside dans l’alchimie entre les générations et la conciliation de l’ensemble des profils. Le management intergénérationnel et interculturel est devenu un véritable travail d’orfèvre pour le dirigeant et ses équipes.

Évoluer ensemble

Au cœur de la thématique qui nous anime, trois paradigmes peuvent être appréhendés pour partager un but commun et faire fructifier une ambition. En premier lieu, le prisme de l’âge, avec la conciliation et l’émulation entre les plus jeunes collaborateurs et les salariés expérimentés. L’objectif ? Travailler de concert, dans un but commun, au cœur d’une vision partagée.

Dans un second temps, il apparaît nécessaire que l’ensemble des organisations qui ont prise sur l’emploi se concertent, s’entendent, se comprennent et unissent leurs forces. Entreprises, collectivités, associations et réseaux : tous ont un rôle indéniable à jouer et les regards de complicité et d’invitation à construire un avenir collectif au service d’un travail pour tous au sein de notre déjeuner le démontrent.

Enfin, les dirigeants et dirigeantes entre eux, issus de différents horizons, de sphères complémentaires, peuvent œuvrer pour l’emploi de tous les seniors. Pour une cohésion économique encore plus affirmée et une vie collective pleinement et durablement vivace. En un mot : pour faire société.  « Travaillons tous ensemble, je suis certain que nous aurons de grands résultats ! », conclut de manière symbiotique Etienne Dequirez.

Une ambition qui ne manque pas d’être partagée collégialement instantanément et qui forme immédiatement et naturellement une promesse d’avenir. Pour concrétiser de premières volontés affirmées et se réunir à nouveau, pour œuvrer ensemble et tracer de nouveaux horizons communs. Pour développer l’emploi et révéler l’attractivité des talents qui sommeillent en chacun de nous.

Le mot de la fin ? Il appartient à nos dirigeants. « Volonté », « Opportunité », « Passion », « Sens », « Collectif », « Richesse », « Sincérité », « Responsabilité » : ce sont les qualificatifs retenus et mis en exergue par chacun. Ils symbolisent justement ce moment d’échanges de haute volée, aussi constructif que prometteur.


Dirigeants présents à notre sharing lunch du 16 juin 2023

Laurent Depoorter, CEO Oxemis, Président CPME Nord

Christophe Poujade, responsable Hauts-de-France de l’association Les Rebondisseurs Français

Christian Garin, PDG Imprimerie L’Artésienne

Damien Vandorpe, Directeur général Pôle Santé Travail

Etienne Dequirez, Directeur général Sergic

Thierry Payen, Directeur MMA, Président Medef Flandre Audomarois

Fatiha Legzouli, Directrice Little Big Women

Pascal Dumont, Directeur de la Stratégie Pôle Emploi Hauts-de-France

Laura Marzouk, Directrice générale adjointe, Pôle Entreprises et Emploi Région Hauts-de-France

Victor Mollet, Directeur de la Communication CEPI Management

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