Temps de lecture :
5 minutes
Dans un monde professionnel ultra-connecté où le temps est devenu une ressource rare, le multitâche est souvent perçu comme une compétence précieuse. Pourtant, de nombreuses recherches démontrent qu’il s’agit davantage d’un facteur de dispersion que d’un véritable levier de performance. Les dirigeants et cadres-dirigeants doivent aujourd’hui repenser leur rapport à l’attention et à la concentration pour favoriser une performance durable et mesurable.
À première vue, jongler entre plusieurs tâches simultanément peut sembler être une solution idéale pour optimiser son temps. Pourtant, les neurosciences montrent que le cerveau humain n’est pas conçu pour exécuter efficacement plusieurs tâches complexes en parallèle. Chaque interruption, chaque changement de tâche mobilise des fonctions cognitives précieuses, ralentit la prise de décision et altère la qualité du travail.
Des études révèlent que les individus pratiquant régulièrement le multitâche ont un temps de réaction plus lent, une mémoire à court terme moins efficace et une capacité réduite à prioriser les informations. Autrement dit, faire plusieurs choses en même temps ne permet pas d’être plus productif, mais engendre au contraire une augmentation des erreurs et du stress.
Pour les entreprises, encourager le multitâche sans discernement peut s’avérer contre-productif. Voici les principaux impacts négatifs observés en milieu professionnel :
Face à ces constats, il devient essentiel de repenser nos modes de travail en mettant en place des stratégies favorisant une concentration optimale et une gestion efficace des priorités.
Encourager les collaborateurs à se focaliser sur une tâche à la fois permet d’améliorer la qualité et la rapidité d’exécution. Le concept de deep work (travail en profondeur)prône des périodes de concentration intense sans interruption, offrant ainsi un gain d’efficacité significatif.
Les interruptions fréquentes nuisent à la performance. Il est donc recommandé de structurer la journée avec des blocs de travail dédiés et des moments précis pour traiter les emails ou les réunions. Les entreprises peuvent également encourager l’utilisation de techniques comme la méthode Pomodoro (travail par sessions de 25 minutes suivies de pauses courtes) pour optimiser la concentration.
Trop d’informations tue l’information. La multiplication des canaux de communication (emails, messageries instantanées, notifications) crée un bruit permanent qui freine la productivité. Une gestion plus stricte des flux d’information, via des temps dédiés aux échanges et des outils de filtrage, est essentielle.
L’éducation à la gestion de l’attention est un levier puissant pour améliorer la performance collective. Les entreprises peuvent mettre en place des formations sur la gestion des priorités, la concentration et la réduction des distractions.
L’aménagement des espaces de travail joue un rôle clé dans la capacité à se concentrer. Privilégier des zones calmes, réduire le bruit ambiant et favoriser les espaces de travail adaptés aux tâches nécessitant réflexion et analyse contribue à améliorer la qualité du travail.
Le rôle des dirigeants et managers est crucial pour initier et incarner ces changements. Encourager une culture de la concentration et de la priorisation permet de redonner du sens aux actions des collaborateurs et d’améliorer durablement la performance de l’entreprise.
La science cognitive met en avant l’importance de la gestion de l’attention active pour optimiser la performance. En cultivant la maîtrise de son esprit, chaque individu peut renforcer ses cellules grises et maximiser son potentiel professionnel.
À l’heure où la complexité des environnements professionnels ne cesse de croître, il est temps de faire de la gestion de l’attention un véritable levier stratégique, au service d’une performance globale et durable.